MaPrimeRénov’ 2025 : une pause qui ressemble à un recul
- Olivier Jeanson
- 31 juil.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 2 août

Pourquoi la suspension du dispositif inquiète toute la filière de la rénovation écologique
Depuis le 23 juin 2025, la rénovation énergétique a reçu un coup d’arrêt brutal. Alors qu’on s’attendait à une pause estivale annoncée pour le 1er juillet, la véritable date de suspension des dossiers MaPrimeRénov’ est tombée en pleine soirée du 23 juin, sans préavis, ni accompagnement suffisant pour les professionnels et les ménages engagés.
Cette décision, portée par Valérie Létard, ministre déléguée chargée du Logement, bouleverse des milliers de projets et sème la confusion dans une filière déjà fragilisée.
Rénovation globale suspendue, monogeste valorisée : une stratégie incohérente
Dans les annonces gouvernementales, seuls les travaux dits « monogestes » restent financés. Une approche que nous dénonçons fermement chez IsoBio.
Une rénovation performante et durable ne peut se faire que globalement. Isoler uniquement une toiture sans revoir les murs ou les fenêtres, c’est comme mettre un bonnet en plein hiver sans pantalon. Cette logique fragmentée n’a ni sens thermique, ni logique budgétaire.
👉 La rénovation globale, seule stratégie viable
Une maison qui change de 4 classes DPE (ex : passer de G à C) ne peut y parvenir que par un bouquet cohérent de travaux.
Les rénovations monogestes produisent peu d’impact réel sur les factures ou le confort.
Elles aggravent parfois les désordres (ponts thermiques, condensation, déphasage raté).
Un coup dur pour la filière : 12 000 emplois en danger
Le gouvernement a pourtant lancé en 2024 la professionnalisation de l’accompagnement à la rénovation. On compte aujourd’hui 1 432 sociétés agréées Accompagnateur Rénov’ (AMO).
Mais dans les nouvelles annonces, le gouvernement ne prévoit que 13 000 dossiers très modestes d’ici fin 2025, soit :
à peine 9 dossiers par AMO sur 6 mois,
environ 22 695 € de chiffre d’affaires brut (à 2 500 € l’AMO complet),
soit moins de 2 mois de charges salariales pour une petite structure.
👉 Résultat : des milliers d’emplois menacés dès septembre. Des structures lancées à grands frais depuis 2023 risquent de fermer. Une stratégie gouvernementale incohérente et dramatique pour la filière.
Un sabotage des efforts collectifs déjà engagés
Beaucoup de ménages, attirés par les 63 000 € d’aides (dans le cas des foyers très modestes) avaient engagé des audits énergétiques coûteux (2 000 à 2 500 € TTC). Ces foyers sont aujourd’hui pris au piège :
Les aides sont désormais divisées par deux, plafonnées à 32 000 € maximum.
Le bonus de sortie de passoire thermique est supprimé.
Le plafond de travaux pris en charge descend de 70 000 à 40 000 €.
Autrement dit, les rénovations ambitieuses ne sont plus finançables.
Et pourtant, ces familles avaient engagé des fonds qu’elles n’ont pas. Aujourd’hui, elles risquent de ne ni faire les travaux, ni récupérer leur audit. Un véritable scandale social.
Le biosourcé à contre-courant d’un système en panne
Chez IsoBio, nous avons toujours privilégié une approche responsable : utiliser des matériaux biosourcés, durables, et sains. Oui, ces matériaux sont plus coûteux à l’achat. Mais :
Leur durée de vie est deux fois plus longue (source : fiches de déclaration environnementale et sanitaire INIES).
Leur bilan carbone est exceptionnel.
Leur confort hygrothermique est sans comparaison.
Mais dans un contexte d’aides rabotées, ce choix vertueux devient inaccessible pour les plus modestes, alors qu’il devrait être promu et soutenu par l’État.
La confiance du public et des acteurs est rompue
Trop de changements tuent l’élan. Les stop-and-go successifs depuis 2022 rendent les ménages méfiants. Ils repoussent leurs travaux, et le secteur se désorganise.
Chez IsoBio, nous recevons chaque semaine des appels de clients déboussolés :
« Est-ce que je peux encore faire ma demande ? »
« Est-ce que l’aide a changé ? »
« Est-ce que ça vaut encore le coup ? »
Ces incertitudes ralentissent la transition énergétique, alors qu’elle devrait s’accélérer. La rénovation ne peut pas suivre le rythme d’un décret tous les six mois.
Les aides devraient récompenser la sobriété, pas la médiocrité
L’énergie la plus écologique, c’est celle qu’on ne consomme pas. Et pour cela, il faut :
Isoler bien (et pas juste une partie),
Chauffer moins (grâce à l’inertie des matériaux),
Ventiler intelligemment (sans surconsommer),
Et construire avec des matériaux de bon sens.
Mais les nouvelles règles favorisent des chantiers bricolés, de faible qualité, posés à la va-vite, souvent sans logique d’ensemble. Tout le contraire d’une stratégie nationale sérieuse.

IsoBio reste engagé dans une voie cohérente et durable
Même si nous ne dépendons pas des aides, car notre clientèle est principalement sensible, informée, et aisée, nous dénonçons fermement ce virage à contre-sens. Car :
Il dévalorise les bons matériaux,
Il affaiblit le tissu d’entreprises sérieuses,
Et il brouille le message écologique d’intérêt général.
Nous continuerons à défendre :
La rénovation globale,
Les matériaux biosourcés,
Le confort durable,
La cohérence technique et climatique.
Appel à l’État : l’indépendance énergétique passe par l’isolation
La guerre se gagne aussi par l’isolation. En diminuant notre dépendance aux énergies importées, on renforce :
La souveraineté énergétique française,
La stabilité des prix,
Et l’indépendance politique face aux géants américain, chinois ou russe.
Ce n’est pas en construisant des rénovations à moitié qu’on y arrivera.
Ce n’est pas l’écologie qui coûte cher. Ce sont les demi-mesures qui coûtent cher.
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